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Le mirage constitutionnel

Croire que la constitution fait la démocratie républicaine est une illusion. C'est l'observation du fonctionnement des administrations qui vous renseigne sur la réalité de l'État dans lequel vous vivez.

Le mirage constitutionnel

Que de fois n’avons-nous pas entendu parlé de l’importance de la Constitution, de son rôle prépondérant dans l’équilibre de l’État, de la qualité des « Sages » qui constituent le Conseil Constitutionnel, pour ne pas parler des sous-entendus concernant les pays qui ne possèdent un tel pilier pour soutenir et guider leurs institutions.

Si parler des principes est d’une importance capitale, il reste encore plus important d’en vérifier les conditions d’application, à la manière des têtes bien faites, plutôt que d’être trop remplies.

Nous ne sommes pas le seul pays à disposer d’une constitution qui prétend défendre les intérêts de tous les citoyens en prônant le respect de grands principes à la manière des chevaliers du Graal, mais c’est seulement à l’aune de la réalité du fonctionnement de l’administration que nous pouvons nous rendre compte de la réalité, une réalité crue et bien désenchantée, faite de protocoles bien peu républicains, d’avantages en tous genres selon votre « classement » social, de petites mesquineries pour gagner quelques euros et glaner quelques places sur les médias.

Il est bien triste que chaque changement de gouvernement s’accompagne de gaspillages pour que les fonctions de l’un ou de l’autre soient plus larges, que son périmètre apparaisse plus important vis à vis de ses collègues et « amis », que les apparences lui octroient plus de gardes, plus de saluts, plus de considération, comme si le mandat républicain se mesurait en barrières de sécurité, en voitures de fonction, en nombre de secrétaires, de déplacements au frais du contribuable, et autres billevesées qui faisaient en d’autres temps les joies des pamphlétaires et la misère des campagnes.

Accessoirement, nous pensions avoir fait la Révolution pour voir la fin de l’exploitation du peuple au bénéfice de catégories privilégiées, dont les représentants de l’Administration Royale. Mais il suffit de penser à tous les discours qui nous vantent la continuité dans la gestion de l’État depuis Clovis pour déchanter bien vite.

Il est vrai que les discours sur le manque de moyens financiers et les nécessités de se serrer la ceinture sont les mêmes , que l’on relise Étienne Marcel, Colbert, Napoléon III, Poincaré, Debré, rien ne change dans les discours, ce sont toujours les mêmes antiennes.

Il est cependant intéressant de se pencher sur le système pour tenter de disséquer ce qui permet la survie d’une telle réalité si triste, si grise, sans lendemain autre que des désillusions et des espoirs déçus.

Une solution est de se placer dans la peau de ceux qui profitent. Ils correspondent à un profil bien déterminé, car pour durer, il faut promouvoir ceux qui permettront de continuer jusqu’à la retraite et même après, si possible. L’un des critères reste le célèbre « malheur au vaincu » qui se retrouve partout. Celui qui ne bénéficie pas d’avantages est un coupable, il a quelque chose à se reprocher, et c’est pour cette raison qu’il doit culpabiliser. D’ailleurs, lorsque vous vous présentez dans une administration, ce n’est pas pour recevoir un dû, c’est pour quémander, lorsque l’on voudra bien s’occuper de vous. De toute manière, celui qui est devant vous a réussi à un concours, il a été recruté, car il est compétent. Il est par nature un « sachant », donc supérieur, bien évidemment. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’il bénéficie d’avantages, le moindre étant d’être inamovible, même placardisé !

Travailler du bon côté, dans une démocratie, suppose que vous représentiez une majorité. Comment être une majorité, lorsque l’on ne représente par nature qu’une minorité ? Ce n’est pas si compliqué, par exemple, pendant longtemps, les femmes n’avaient aucun droit, c’est quand même la moitié de la population, celle qui est au four et au moulin, au ménage, à la cuisine, à l’éducation, et surtout qui a le sens de la durée, du temps, de l’avenir. Il y a un peu de mieux dans ce domaine, mais cela reste toujours en suspend. Les ordres professionnels sont une autre méthode, mais un peu en perte de vitesse. Le maintien de l’ordre est un autre outil de première ligne, qui cache beaucoup de misère psychologique, car le savoir n’a jamais fait bon ménage avec les contorsions de la moralité. Et il reste donc préférable de faire maintenir l’ordre par des gens qui obéissent sans savoir, ou sans pouvoir comprendre. Dès que l’on monte dans les bureaux par contre, le principe du « tout est monnayable » devient plus voyant, mais la sélection a déjà été opérée, ceux qui veulent monter ont choisi leur camp. Ils seront donneurs de leçons, quant à la vie privée, elle ne vous regarde pas. Leur main gauche n’a jamais rencontré leur main droite, et leur cerveau garde pour lui ses turpitudes. Il y a bien quelques désenchantements, que l’on retrouve dans les taux de suicide, d’alcoolisme, ou autres maladies qui n’intéressent que la médecine, et les laboratoires. N’oubliez pas que les indécis, ceux qui votent blancs, ou dont les bulletins sont nuls, ne comptent pas. Plus il y a d’abstention, plus il y a de dégoûtés, plus c’est facile. Mais la démocratie vous garantit, le cœur sur la main, que tous les avis sont pris en compte, y compris ceux des minorités, à la manière des maladies orphelines, dont tout le monde pleure les décès, mais en continuant à leur refuser tout crédit.

Finalement, c’est plus par défaut que notre pays fonctionne, car il vaut mieux un pays mal géré, qu’une guerre intestine, du moment que la vie courante est possible. Le citoyen qui ne jalouse pas son voisin préfère lui laisser mordre sur la clôture plutôt que de déclencher une guerre qui les ruinera tous les deux. De la même manière, les associations humanitaires se chargent de combler les trous, acceptent de réduire la misère, de jouer les garde-fous, afin d’éviter au peuple des déconvenues plus graves. Elles sont la mémoire, la mémoire de tous les massacres, le porte-parole des atrocités issues des régions moins favorisées, mais c’est une situation bien fragile, qui pourrait bien nous emmener dans un nouveau conflit international, si des individus qui ne respectent ni l’humanité, ni la Nature, donnent libre-cours à leur rêves insensés, et que le bon sens populaire est une fois de plus berné !. Plus d’argent, plus de pouvoir, quitte à tout voir disparaître, ce n’est pas nouveau, la philosophie n’est toujours pas une science, l’économie reste faite de paris entre des imbéciles et des voleurs, et le quidam est prié de suivre des « élites » qui le considèrent uniquement comme une excuse pour faire croire à l’existence d’une majorité démocratique.

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