La nouvelle réforme pénale ou comment utiliser le pénal "ordinaire" pour se passer de l'état d'urgence.
« L’État d’urgence, c’est tous les jours »
Pas d’illusion à se faire, le sécuritaire continue à se graisser sur le dos des français. Personne n’a d’idées exactes sur les fonds réellement mis à la disposition du lobby sécuritaire en France. Ce n’est pas nouveau, le français n’est qu’un veau ou un mouton et reste traité comme tel.
Personne n’est autorisé à penser à ce que serait une République dans laquelle les décisions seraient prises au niveau des instances concernées dans une concertation globale. Tout fonctionne autour de groupes centralisés qui imposent des règles avantageuses pour leur réseau d’influence. En ce moment, c’est la promotion Voltaire autour de laquelle orbitent quelques milliardaires et un système clientéliste qui reproduit fidèlement des processus éculés datant de l’époque de Clovis, quand les chefs décidèrent d’imposer l’hérédité comme justification de la transmission des titres féodaux. La révolution a tenté d’enlever l’hérédité, mais la bourgeoisie l’a remplacée par le réseau des notables. Les radicaux, puis les socialistes ont tenté, mais sans succès de promouvoir des personnalités, mais le lobby militaire, base de l’empire colonial, a pu contrer ces efforts, engendrant une corruption politique sans égale. Le Conseil National de la Résistance a bien tenté de mettre en place une nouvelle élite, mais les efforts conjugués des puissances financières, de la CIA, opposés à tout renouvellement du système, ont abouti à une institutionnalisation de la corruption, laissant le champ libre à une administration toute puissante. L’état d’urgence est devenu quotidien, et pourtant vous trouvez des sociologues français de renommée internationale pour vous expliquer que les énarques actuels ne sont plus porteurs de « l’État Fort ». Notre état serait soit-disant déstructuré par la globalisation. Serait-on en train de lire Astérix, ou une autre BD ?
La France aurait été la fondatrice sous la royauté des systèmes de médiation, qui se seraient développés ensuite à travers la tradition des services publics.
Il serait temps de s’inscrire en faux contre de telles affirmations gratuites. Les services publics ont toujours eu pour but ultime de contenir les foules, dont ils ont toujours eu peur. Les famines sous les rois ont déclenché des révoltes de paysans, l’exploitation des ouvriers a déclenché des révoltes lors de l’expansion industrielle, les reconversions industrielles se sont faites dans la douleur et les explosions sociales. Le développement économique récent s’est fait grâce à l’exploitation des couches successives d’immigrés. La haute administration a toujours eu peur des foules et peur des tribuns non contrôlés, et de ce fait, la globalisation, avec son cortège de sous-traitance à l’étranger a trouvé en elle un soutien plus que bienveillant. L’État à la française, dont l’armée reste le recours ultime, est un système de cooptation entre « gens qui se comprennent », les autres ne peuvent être que des fauteurs de troubles. Pragmatisme oblige, l’important est non seulement de détecter dans les écoles si possible, mais aussi dans tous les lieux d’expression collective, les citoyens susceptibles de devenir des « dirigeants » potentiels, mais aussi de ficher tous les empêcheurs de tourner en rond, pour les neutraliser ou les exploiter.
À l’heure actuelle, quand l’information trouve toujours un moyen de passer, ces systèmes traditionnels sont dépassés, et l’État français n’arrive pas à se réinventer. Nous assistons à un raidissement des services centraux qui rejettent toute forme de partage des pouvoirs. Tout citoyen qui ne s’exprime pas selon les codes présentés par « l’administration » est un danger potentiel, et donc un risque. Les risques doivent être listés et éradiqués. L’État ne considère pas le citoyen comme la base de son pouvoir, mais comme un potentiel fauteur de troubles. Le terme « d’atteinte à l’ordre public » est d’ailleurs symptomatique de ce que l’on peut penser de tout ce qui n’est pas « public ».
Il est donc inutile d’espérer voir un système judiciaire s’ériger en défenseur des droits fondamentaux dans une telle organisation administrative, puisque le droit du citoyen ne peut pas y exister. De tels concepts sont d’ailleurs difficiles à concevoir dans les autres pays d’Europe, c’est ce qui fausse tous les rapprochements tentés par les analystes extérieurs. L’art des fonctionnaires français a toujours été de faire croire aux services publics dévoués et n’agissant que dans l’intérêt général, alors que leur rôle a toujours été basé sur la méfiance et le contrôle.
La dégénérescence de l’État central dans le cadre de gouvernances décentralisées ouvertes sur les structures citoyennes est considérée en haut-lieu comme un non-sens débouchant systématiquement sur des conflits de type « guerre civile ». L’État s’estime comme seul à pouvoir faire le bonheur des français, malgré eux. Or, nous revendiquons le droit d’être des citoyens « à part entière », et non des assistés « incapables majeurs », nos droits sont « fondamentaux », il faut que les cadres des structures centrales se le mettent dans la tête, s’ils ne veulent pas finir au ban de la République.