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Poisson d'avril

Parler de réforme de la Justice, quand la Justice est défigurée, n'est même plus décent.

Poisson d'avril

Après avoir joué à Kafka, en flirtant avec la déchéance de nationalité pour « les kamikazes récidivistes », ainsi que l'a titré un journal satirique (Le Canard Enchaîné, pour ne pas le nommer), notre gouvernement revient à des traditions plus anciennes en parlant de réforme judiciaire.

Mais, là, il a plus de métier, donc la poudre aux yeux est beaucoup mieux préparée. Cela devient vraiment une composition de type industriel, avec les arômes, les colorants, les correcteurs d'acidité, et j'en passe, mais surtout pas de modification des habitudes.

La Justice qui vient de se faire défigurer par l'état d'urgence, après une loi sur le renseignement aux petits oignons, ne peut même plus pleurer sur son sort, elle n'existe plus. S'il était encore possible de penser sortir d'un cachot de la Bastille, parce que l'espoir fait vivre, il n'est pas possible de sortir des griffes de l'administration qui a décidé de votre internement.

Devant un juge, il faut un minimum de preuves ou de fausses accusations, de faux témoins, et autres manigances, mais pour un préfet, qui transmet au procureur des « notes blanches », tout est simple, direct, la définition même des justices expéditives, fondées sur la rumeur, sans rime ni raison autre que le besoin de faire « du chiffre ».

Les fonctionnaires peuvent perquisitionner sans même laisser une copie de l'arrêté préfectoral, ce qui évite de devoir justifier ensuite des motifs de la décision. Les « suspects habituels » n'ont pas du se formaliser, mais les autres, … !!! Ces pratiques ramènent aux périodes sombres de notre histoire, à tous les groupements de type milicien autoproclamés justiciers, images d'une dégénérescence politique bien connue.

Ceux qui pratiquent les tribunaux connaissent déjà les documents perdus, égarés, les dossiers brûlés, les archives perdues, les jugements rédigés avant les audiences, ils vont pouvoir maintenant se délecter des affaires qui n'ont jamais existé.

Dans un pays où la corruption est devenu « normale », où les institutions sont un moyen de garantir l'emploi de la moitié de la population par un statut dit « de la fonction publique », tandis que les autres servent de variable d'ajustement, l'important étant de dégager un chiffre déclarant qu'une majorité a voté, donc que c'est légal, le droit des minorités étant de fait réduit à des dérogations pour intellectuel chercheur en sciences sociales, les « droits fondamentaux » sont en train de se transformer en un « graal » d'héroïque-fantaisie qui donne à notre culture un parfum d'interdit, de transgression que seuls les contes pouvaient nous fournir. Car il ne vient à l'idée de personne, à l'étranger, que l'exception française dont se vantent les représentants de la République est à l'image de la casuistique, l'art de cacher la réalité sous des airs de pensée profonde.

La vérité subie par le peuple est bien différente, qui va jusqu'à rendre impossible d'accéder à l'institution judiciaire pour certains citoyens. Tout le monde dans ce pays a vu des juges en tenue d'hermine, image désuète d'un monde d'ancien régime dont la carrière est assise sur une myopie profonde. Les séries télés promènent beaucoup les juges avec leur double policier ou gendarme, mais qui les a réellement vus dans la vraie vie ? Qui plus est, quelle série oserait montrer un juge essayant d'obtenir des tuyaux pour comprendre les erreurs d'une enquête bâclée ? Ce serait bien difficile, puisqu'il n'existe personne qui puisse faire des recherches en France sans l'accord des administrations, et plus particulièrement du préfet.

Nous reculons à pas de géants, jusqu'où ? Dans certains endroits, le lynchage médiatique a déjà commencé, les lapidations ne sauraient tarder. Il ne restera plus qu'à trouver des forces d'interposition envoyées par l'ONU !!!!

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