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La France est une république indivisible.

L'unité de la France est, paraît-il, garantie pas son article premier.

La France est une République indivisible.

Beaucoup ont utilisé et utilisent cet extrait de l’article premier de la constitution française pour se donner bien des droits que ce texte devrait en principe interdire.

Car cette unité a surtout pour but de permettre de faire respecter les principes qui gouvernent l’état français, « liberté, égalité, fraternité », et non de permettre à certains de s’ériger en seuls remparts de la république, avec un « droit » de restreindre les libertés, de faire de l’égalité un système d’écluses, et de considérer la fraternité comme une erreur de typographie.

Comment peut-on dans une structure indivisible créer des zones au sein desquelles les droits vont être recalculés au gré de l’influence des responsables politiques, militaires, économiques ou sociaux.

Selon les personnalités, et leur conception de l’organisation sociale, les droits et les devoirs de chacun vont fluctuer, au gré de périmètres à géométrie variable.

Prenez le monde du travail, des emplois vont être déclarés « réservés », avec des critères d’accès liés à des attributions de titres octroyés seulement par certains ministères ou certaines administrations, d’autres par quotas, d’autres encore pas numerus clausus, d’autres encore plus simplement au gré du bon vouloir.

Une concurrence existe en permanence entre administrations, entre services publics et privés, qui pousse à obéir au chef sans comprendre, à faire du chiffre, du remplissage, de la course à l’avancement, qui gère des comptes, des numéros de dossier, qui déshumanise, qui décourage et qui gaspille au bout du compte au détriment de tout le corps social.

La lutte contre les addictions est un exemple parlant, car tout un chacun voit se succéder sur le terrain les services de répression, les services de santé, les services sociaux, les services de réinsertion, sans coordination, sans objectif républicain, sans avenir et sans espoir.

À quoi sert d’être indivisible si les hauts fonctionnaires et les groupes d’influence passent leur temps à tricher avec le système juridique de l’état ? Pourquoi toujours rappeler au citoyen qu’il est l’alpha et l’oméga, tout en méprisant ce qui devrait faire consensus. À quoi sert de faire la morale à ceux qui vivent de peu et qui constatent tous les jours la gabegie à tous les niveaux. Le train de vie de l’état, celui des grands services publics, celui des multinationales, n’ont rien à voir avec celui des artisans, des employés, sans parler des chômeurs, des retraités ordinaires, en bref de la majorité de la population. Et vous vous étonnez que l’abstention augmente !!

Tous les cadres, tous secteurs confondus, qui émargent à plus de 10 000 euros par mois, qui surveillent leurs remboursements de frais en tous genres, ne peuvent pas déclarer être acteurs de l’égalité républicaine dans une « république sociale » qui considère que le repas « ouvrier » est différent du repas « cadre », que les frais de vêture sont multiples, quand tout un chacun porte un jean, je passe sur les voyages internationaux gratuits et autres gâteries très républicaines obtenues indirectement, dont le fisc n’a jamais considéré être des avantages en nature. Que dire d’une administration dont les horaires de travail sont inférieurs à ceux des autres administrations, des primes offertes par certaines activités de l’état, payées en espèces, des emplois de personnel non déclaré dans certains services, des sous-traitances totalement incontrôlées sur des grands chantiers de taille internationale. N’oublions les âges de départ en retraite qui permettent à certains de pouvoir cumuler plusieurs retraites après 40 ans de carrière, tandis que d’autres au bout des mêmes 40 ans n’auront même pas droit au taux plein de base.

Ce n’est qu’un petit aperçu, car ce n’est pas le but du propos, l’important est de comprendre que ce n’est pas la constitution qui fait la vie républicaine, c’est la procédure appliquée.

Tant que le majordome régnera dans les grands bâtiments publics, les fonctions ne seront pas républicaines, il ne tient qu’aux élus de montrer que l’entretien du patrimoine n’est pas une mise en scène servant d’excuse à la suspension des principes républicains.

Quand un ministre fait refaire des bureaux déjà neufs, quand un élu utilise des fonds dans son intérêt, quand un dirigeant d’une entreprise travaillant pour l’état exploite des sans-papiers, quand le chauffage d’un bâtiment public est à 25 °, tous excès sans rapports les uns avec les autres, le signal est fort pour le citoyen que la centralisation sert surtout des intérêts personnels à tous les niveaux.

Cette république est alors d’évidence celle des illusions, celle des clans qui peuvent déboucher sur une faillite générale, dont le Liban est l’exemple actuel le plus flagrant.

Il faut bien se dire que ce n’est pas nouveau, que la troisième république portait cette situation en germe dès ses débuts, car la prétendue « continuité de l’état » a permis de maintenir une France à plusieurs vitesses, dont les catégories sociales restent assez hermétiques à travers les fluctuations de l’histoire. Il y a plus ou moins de misère selon les époques, mais le monde d’en haut s’est toujours débrouillé pour ne pas être confondu avec le « petit peuple ». L’arriviste n’appartient pas au peuple, et les gens « en place » ne sauraient être égaux à la plèbe, la langue courante fourmille d’expressions qui montrent bien que notre république ne progresse pas beaucoup dans le combat contre ses démons.

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