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Assumer les victimes

 

Se dire qu'il y aura des victimes, avant même de déclencher une action devrait être la hantise des dirigeants. Ce devrait être le problème de base des décideurs, que ce soit en politique, en entreprise, mais aussi dans la recherche, scientifique ou non, publique ou privée. Les conséquences des actes de chacun devraient intervenir à tout instant et peser dans la balance des décisions. Seuls les dictateurs doivent y penser, afin de ne pas risquer d'être renversés en cas de montée brutale des oppositions suite à des mesures trop impopulaires.

Or, dans des sociétés qui déclarent toutes que l'Humanité est au centre de leurs préoccupations, qu'elles soient matérialistes ou religieuses, pragmatiques ou idéalistes, nous constatons que la disparition des opposants est considérée comme une façon normale de se comporter. S'il est vrai que la mort est la fin inéluctable de tout ce qui vit, la durée et la qualité de la vie de chacun sont des critères importants dans l'analyse des mécanismes de fonctionnement de chaque groupe humain. Le fonctionnement naturel des sociétés semble tendre vers la prolongation maximale de la durée de la vie. Et pourtant, cela se fait plutôt malgré les décisions politiques et économiques qu'avec leur aide. Les grands choix qui conditionnent l'organisation sociale pour longtemps (grandes infrastructures, systèmes de hiérarchies, systèmes financiers, systèmes sociaux, …) ne se préoccupent pas beaucoup des conséquences à long terme. Il semble même que nous ne soyons pas très capables de concevoir les conséquences à très long terme des choix effectués.

Les différents intervenants politiques, économiques ou scientifiques naviguent à courte vue et n'assument surtout pas les conséquences de leurs actes. La meilleure preuve se retrouve dans les capacités à retourner leur veste des politiques du moment qu'ils restent dans la course.

 

Un tel mode de pensée devrait interpeler ceux qui se trouvent victimes de ces inconséquences, qui n'ont fait que respecter les critères mis en avant par l'organisation sociale, et se retrouvent victimes « collatérales » selon l'expression consacrée. À bien regarder, ces victimes sont à prévoir, puisque leurs existence était inscrite dans le déroulement même du système en vigueur. Est-il envisageable de penser, selon le cynisme de certains dirigeants, que ceux qui ont collaboré au système ou se sont tus ne sont pas éligibles à se plaindre des conséquences de ce système. Ce qui équivaudrait à dire qu'il n'est pas possible de se répentir. De toute manière, ceux qui ont dénoncé ne sont pas plus écoutés, et subissent comme les autres. Sans compter que les opposants sont de toute façon des gens qui ont d'abord accepté, puisque vous ne pouvez devenir opposant qu'à l'issue d'une période d'éducation, de recherche, puis de positionnement personnel à la fin de l'adolescence ou au début de l'âge adulte. Qui plus est, selon les statuts sociaux, faut-il que vous ayez eu accès à la capacité de penser par vous-même !!

Il y a donc une philosophie qui pourrait se développer à partir de la pensée de l'existence à venir de victimes volontaires ou involontaires. Une méthode de « penser à l'envers » qui serait assez bouleversante et pourrait remettre en question des choix qui semblent évidents à tous.

Le point de départ pourrait être de se demander si le risque d'être victime préexiste à la condition qui est la notre, et comment le minimiser. Pour minimiser, il faut analyser, et donc se projeter dans un avenir plus ou moins proche, en tirer des conséquences, et assumer ces choix.

Finalement, le fait de réagir à court terme évite de culpabiliser, permet à tous d'avoir des excuses, et alimente un optimisme de façade qui cache les défauts patents des sociétés humaines passées et présentes.

Ceux qui se posent des questions et tentent d'analyser les données présentes et futures pour en tirer des règles de vie sont en réalité considérés comme des empécheurs de tourner en rond, des Cassandre néfastes et pleureurs. Bien des décideurs improvisent en permanence, jouent à l'apprenti sorcier et n'assument surtout pas les choix de leur passé. Les tricheurs et les menteurs sont légion, du moment qu'ils espèrent rester conformes à l'adage : « après moi le déluge ».

Cependant, il va bien falloir que l'Humanité assume ses choix, à partir du moment où elle modifie le fonctionnement de la Vie sur Terre. La surpopulation, le nucléaire, la surexploitation, les contaminations sont autant de sources de victimisation qu'il va bien falloir assumer, et pas à reculons. Ce qui veut donc dire que nous allons devoir trouver d'autres dirigeants que ceux qui promettent tout et son contraire et déclenchent des catastrophes en s'imaginant que cela leur permettra de garder leur pouvoir. Les dirigeants qui aident une collectivité à assumer son histoire sans en tirer gloire et profit sont bien peu nombreux, car à ce jour, rechercher le pouvoir, c'est nier le risque de dégâts causés par les décisions prises, ce que l'homme conscient ne peut accepter.

 

Les victimes doivent donc se faire connaître afin de permettre à la société humaine de survivre à long terme. La place faite aux victimes est donc cruciale pour l'avenir de tous.

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