Les commentaires sur le projet psychiatrique font l'unanimité : tous contre. Il faut bien noter que le fonds est simple, le projet revient à une vieille notion religieuse : celui qui est malade a fauté, et sa maladie est une punition, qu'il convient donc d'alourdir si son comportement n'est pas plus conforme aux règles de la vie sociale telles que l'administration la définit. En gros, c'est le préfet qui pourrait décider tout simplement de la dangerosité d'un individu. Et pour tous les citoyens qui se sont un jour opposés de toutes leurs forces à la « puissance administrative », cela rappelle de très mauvais souvenirs : l'internement est le moyen d'écarter définitivement celui qui gêne.
Définition de « celui qui gêne »
Au pays de l'Égalité, est-il normal que quelqu'un gêne, est- ce même concevable ? Et bien oui, très largement, les clans qui se partagent les pouvoirs, tous ceux qui méprisent le citoyen, qui arrivent par et grâce à leur relations considèrent que le « gêneur » doit être écarté. Dans un État où la corruption règne, où la justice est comme les haut-fonctionnaires, « aux ordres » de l'exécutif, celui qui dérange les « arrangements entre amis » doit disparaître. Les méthodes sont multiples, l'intervention américaine au Pakistan a mis en lumière les commandos spéciaux, que la République Française utilise aussi. Le secret d'État permet de fabriquer aussi de nombreux accidents, dont on vous dit d'ailleurs qu'ils sont « si vite arrivés », mais de nombreux autres cas de figures existent, comme la « mise au placard », « la retraite dorée », « le limogeage », « la déstabilisation », « la compromission », et enfin « l'internement ».
En effet, quoi de plus simple que de supprimer à un citoyen son emploi, de l'expulser de chez lui (squatter, amant(e), incendie, …), de lui retirer ses revenus, et s'il vient « crier au scandale » de déclarer qu'il est l'auteur de « scandales sur la voie publique », qu'il est dangereux ou « appelé à le devenir », et qu'il faut donc le droguer et le traiter de force, afin qu'il considère que tout ce qui a été fait l'a été dans son intérêt.
Or, de toutes les analyses que j'ai lues sur le projet, qui sont toutes contre ce projet, et le considère au mieux comme « mal préparé », aucune ne se préoccupe des usages abusifs dont pourtant chacun a entendu parlé, à l'occasion de tutelles, de divorces difficiles, d'accidents « étonnants », d'enquêtes baclées, de meurtres camouflés en suicides, …. Une fois de plus, réprimer toute velléïté de résistance à la décision centralisée, au diktat de ceux qui savent, est l'objet du projet.
Construire une société avec toutes les imperfections que cela comporte, tenter de fédérer les efforts pour diminuer les erreurs et les errements de ceux que le pouvoir ou la richesse enivre sont devenus des buts obscurs et dangereux. Défendre des valeurs et chercher à les traduire dans des textes viables et réalisables, après s'être fait élire sur un programme qui répond de façon claire aux besoins du groupe social, cela ne fait plus partie des objectifs politiques. Les chargés de communication sont là pour cacher les appétits réels des classes dirigeantes, pour leur créer une image, donc pour se moquer du peuple. Les citoyens sont fatigués des mensonges, et se détournent de la politique, puisqu'elle n'est qu'une nouvelle caverne de Platon, c'est-à-dire un miroir d'ombres et de faux-semblants destinés à camoufler la razzia opérée par ceux qui s'estiment avoir « un droit » à un mode de vie qui peut ruiner le pays tout entier (par le biais par exemple des notations bancaires et des spéculations financières).
Le tout-répression est surtout un système mafieux, puisqu'il ne satisfait que les appétits de certains et réduit les autres au silence. La Justice doit pouvoir passer, mais elle n'est qu'un outil qui doit être l'objet d'un « contrôle qualité » permanent. Pouvoir arrêter n'importe qui, n'importe où, n'importe quand, et lui faire subir n'importer quoi, c'est le signe avant-courreur des dictatures, donc des bains de sang, et d'un avenir sombre pour une population. Les mots Justice et Respect doivent s'associer naturellement, lorsque l'abus d'autorité aveugle la Justice, le Respect meurt, et la violence immédiate sert de solution puisque la Justice est déjà au préalable perçue comme incapable.