La République a finalement plus de problèmes à cause de ses amis qu'à cause de ses ennemis.
La IIIème République nous a été offerte par des royalistes et des bonapartistes, mais son fonctionnement a été marqué par les radicaux qui lui ont donné ses caractéristiques républicaines. Le plus difficile est de trouver des valeurs réellement mises en avant par les hommes politiques qui se déclarent sensibles aux problèmes sociaux.
La IIIème République a été plus souvent frileuse et réactionnaire que constructive et fraternelle. La place et les dégâts causés par les appétits financiers et politiques ont souvent eu raison des espoirs citoyens.
C'est l'ascenseur sociale mis en place après la Libération qui a le plus permis à notre pays de réussir à être une nation plus ou moins unie.
Et à ce propos, je crois bon de rappeler à nos hommes politiques qui se réclament tous de la Résistance quelques extraits des textes composant le « Programme » du Conseil National de la Résistance.
« II. Mesures à appliquer dès la libération du territoire
… établissement d'un impôt progressif … sur les gains réalisés au détriment du peuple, …
4) Afin d'assurer ...l'égalité absolue de tous les citoyens devant le loi ;
5) afin de promouvoir les réformes indispensables :
a) sur le plan économique :
- l'instauration d'une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l'éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l'économie ;
- une organisation rationnelle de l'économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l'intérêt général …
- le retour à la nation des grands moyens de production monopolisés, fruit du travail commun, des sources d'énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d'assurances et des grandes banques ;
…
b) sur le plan social :
...
un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d'existence , dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l'État.
…
d) la possibilité effective … de bénéficier de l'instruction et d'accéder à la culture …. afin que les fonctions les plus hautes soient réellement accessibles à tous ceux qui auront les capacités requises pour les exercer et que soit ainsi promue une élite véritable, non de naissance mais de mérite, et constamment renouvelée par les apports populaires.
…
afin que VIVE LA FRANCE. »
Il est sans contestation possible facile de confronter ce texte aux carrières des grandes figures des deux dernières Républiques. Des exemples comme ceux de Maurice PAPON, mais aussi de bien d'autres personnalités locales ou nationales permettent de constater que les affaires de la IIIème République ont vite repris le dessus et que l'accès à l'instruction et à la formation a continué à être contrôlé par de grandes familles professionnelles, économiques ou financières.
La méthode reste simple, puisque les études sont longues et les critères toujours définis par ceux qui dirigent. Les hommes politiques français restent en majorité des hommes de pouvoir et d'argent, le désintéressement ne fait pas partie de leurs valeurs, la meilleure preuve restant les augmentations énormes de salaires des haut-fonctionnaires ces dernières années, qu'aucun homme politique n'a osé dénoncer, et encore moins parlé de supprimer.
La France d'aujourd'hui reste celle de « l'assiette au beurre », celle des contrats « sur mesure », du recrutement « arrangé », donc une vaste entreprise de corruption.
Ce que peuvent réclamer les victimes , c'est d'abord la constatation que les citoyens conscients peuvent s'organiser pour faire face à l'adversité. Chaque fois que le système triche, il est bon de rappeler que la réclamation peut être faite, et que les moyens d'information actuels sont plus efficaces que ceux de 1946, et moins risqués que d'affronter la Gestapo ou la Milice. Nous avons derrière nous des citoyens qui se sont battus pour une culture, nous devons nous battre pour pérenniser cette culture, pour éviter des guerres fratricides que n'hésiteront pas à déclencher ceux qui sont prêts à tout pour l'argent ou le pouvoir.