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déficit

  • Le paradoxe de la victime

     

     

     

    Être victime, c'est avoir subi ce que l'intérêt général considère comme un préjudice.

     

    Être victime, c'est être reconnu comme ayant subi un préjudice.

     

    Avoir été victime, c'est être comme avant, grâce aux actions entreprises par l'État et les groupes sociaux.

     

     

                  Cette reconnaissance de l'état de victime n'entraîne pourtant pas toujours le lien avec la compensation. L'organisation sociale considère qu'il est nécessaire de faire cesser un comportement, ce qui n'équivaut pas encore au droit d'être indemnisé. En France, pendant longtemps par exemple, ce qui comptait était de faire cesser le trouble à l'ordre public. Le droit à l'indemnisation relevait et relève encore parfois d'une deuxième victimisation. Car l'ordre public était une apparence de calme social, qui ne coïncidait pas toujours avec les réalités vécues par chacun. L'intérêt général, vu par une partie de la société seulement, dictait les choix de permettre ou non à la victime de retrouver une situation de nature équivalente à la situation antérieure.

     

                   Cet état de fait se retrouve encore dans les dommages causés par le fait de l'État, lorsqu'ils trouvent leur origine dans des choix politiques « discutables ». De tels choix correspondent à des réponses historiques, c'est-à-dire des situations marquées par des évènements liés à l'Histoire. Ainsi, tant que les États ont poursuivi une politique expansionniste dans la gestion des territoires, les dégâts créés dans les populations ont été considérés comme dommages de guerre, ce qui veut dire que le perdant payait. Ainsi, la France a payé pour le Roi de Prusse, expression devenue courante.

     

    Maintenant que ce type de situation semble du passé, les méthodes liées à l'organisation sociale correspondante devraient être révolues. Il n'en est rien, car la hiérarchie sociale mise en place peine à s'effacer. Elle reste inscrite dans les habitudes, donc dans le fonctionnement habituel de l'administration, celle que l'on apprend au « nouveau », qui doit subir les habitudes de ses prédécesseurs, puisqu'ils sont aussi ses supérieurs. Et une fois que le pli est pris !!!

     

    Combien de situations rétrogrades de ce type sont à l'origine de litiges dans notre pays, combien de combines procédurales se sont développées uniquement pour permettre de mettre en échec des principes pourtant reconnus et défendus par tous. Il suffit de voir les obstacles que peuvent rencontrer ceux qui veulent mettre en mouvement la force publique contre des notables, des institutions, des réseaux, des corporatismes.

     

    Et c'est en jouant sur ces réflexes que les enquêtes sont baclées, falsifiées, enterrées, car les réseaux d'influence qui entraînaient autrefois les guerres n'ont pas perdu leur goût du pouvoir. La France n'arrive pas à se défaire de l'ordre d'obéir et de se taire. L'école était faite par des maîtres, non par des enseignants, les instructions étaient données par des chefs, rien n'a changé, puisque les textes vous mettent maintenant sous la tutelle de référents, de formateurs, qui vous cadrent, …..

     

     

                   La pensée des précurseurs qui voyaient les principes de Liberté, Égalité, Fraternité a toujours été dévoyée dans notre pays qui n'a toujours pas digéré les cultures multiples qui sont à ses origines ; les potentats locaux, seigneurs féodaux, préfets, caïds, notables, continuent à vouloir maintenir un pouvoir d'occupation, et non un pouvoir de consensus social.

     

     

     

    Le besoin de mettre en place un système judiciaire transparent, c'est-à-dire respectant des principes qui permettent à chacun de se l'approprier, d'y participer, et d'en faire un outil de lutte contre les abus de pouvoir, est l'un des défis majeurs de nos générations, faute de quoi les avancées durement gagnées vont se perdre derrière des dérives sécuritaires qui vont mettre en avant un besoin de hiérarchie, donc d'autorité imposée et incontrôlable. Sous prétexte d'économies, la puissance publique restreint l'accès au droit, puisque seuls des moyens financiers importants permettent de poursuivre des procédures. Et comme ceux qui autorisent l'exercice du droit sont aussi ceux qui en nomment les rouages, ils s'estiment au dessus du système judiciaire ainsi mis en place. Tous les caciques de ce pays cherchent surtout leur tranquilité et leur sécurité. Ce ne sont pas les principes de notre République.

     

    Mais au fait, ce sont ceux qui ont créé la dette qui nous reprochent son existence, il serait peut-être bon de se pencher sur le problème, et de demander à une Justice libre et impartiale de nous fournir les calculs. Cela nous permettrait peut-être de voir différemment le problème de la solidarité. Tout est lié en politique, et le déficit de justice est bien une cause de la fracture sociale si bien reconnue par les sociologues.