Abuser les citoyens
Abuser, c'est tromper, mentir, c'est tromper, tricher, c'est tromper, cacher, c'est tromper. Tous ces comportements que toutes les éthiques condamnent parce que la tromperie rend la confiance impossible, c'est l'ordinaire de nombres de nos élus. Les élections internes de l'UMP ont permis de constater que de nombreux élus estiment pouvoir asseoir leur autorité sur des tromperies, ce que nous rapprocherons des affaires parisiennes des faux électeurs, mais aussi des affaires multiples de financements occultes, d'emplois fictifs et autres habitudes des hautes sphères. Quelle confiance peut-on avoir dans de tels dirigeants ? Aucune, et même pire, nous n'avons pas besoin d'un dessin pour comprendre ce qui peut nous arriver si nous les dérangeons ou si nous retardons leurs affaires. Que vous soyez citoyen ordinaire, mais aussi fonctionnaire, que vous soyez immigré, et donc dépendant de leurs autorisations, que vous soyez étranger, peu leur importe, ils se donnent tous les droits. La conclusion est plus qu'évidente, le système judiciaire ne peut pas permettre de les arrêter, donc il ne doit pas respecter les droits que la constitution française et les traités internationaux nous ont octroyés. Il faut donc en permanence faire le grand écart pour expliquer que les auteurs des plaintes sont des râleurs, des dépressifs, des déséquilibrés, des menteurs, des terroristes à la solde de mouvements irresponsables. La Justice, qui est chez nous d'une myopie proche de la cécité, lit et entérine des constats de gendarmerie ou de police totalement hilarants, au-delà des drames réellement vécus. Combien de dossiers disparaissent purement et simplement des tribunaux, sans la moindre ouverture d'enquête, et malgré les victimes, combien de rapports n'ont rien constaté, alors que les voisins ont tous vu !!! Nous n'allons pas énumérer toutes les affaires de corruption qui ont éclaté malgré les efforts de la justice et des administrations pour les enterrer, affaires des arsenaux, affaires des meubles nationaux, affaires des Chambres de Commerce, secrets Défense, emplois fictifs, détournements dans les entreprises nationalisées, appels d'offres sur mesure, c'est partout et tous les jours.
Être aux affaires n'est pas un vain mot !, n'oublions pas que le peuple a toujours versé son sang pour la République, mais que les fournisseurs aux armées ne publient jamais leurs comptes. Il est anormal et inconstitutionnel que des bénéfices puissent être faits sur le dos du service public. La délégation de service public ne devrait pas autoriser aux actionnaires et aux cadres supérieurs des entreprises bénéficiaires des salaires et des revenus supérieurs à ceux des fonctionnaires de même niveau. L'État est mauvais gestionnaire chaque fois que l'opacité permet de tricher. Et il faut bien constater que le but de la majorité des élus et des haut-fonctionnaires est ouvertement « d'en profiter », puisque personne ne peut les en empêcher.
Nous sommes sans illusion, les affaires de placardisation continuent, la corruption ne recule pas, puisque aucun outil judiciaire ne permet d'imposer ne serait-ce que d'accéder aux procédures, lorsque l'administration n'y tient pas. Le système pyramidal de l'administration permet toujours de tirer en touche, tout en faisant voter toutes les lois nécessaires pour la galerie. Quel recours avez-vous aujourd'hui contre le refus d'une main courante ? Quel recours avez-vous aujourd'hui contre une amende « bidon » (genre tracteur agricole à 150 km/h), contre un redressement forfaitaire, contre une liquidation frauduleuse, contre une interdiction abusive d'exercer. Seuls des moyens financiers importants, des relations haut-placées peuvent intervenir, et négocier (l'affaire TAPIE n'est qu'un exemple).
Une autre méthode est la mise en place de contrôles internes aux professions, qui surveillent et jugent les égaux. Les juges ont le Conseil Supérieur de la Magistrature, les notaires ont leur juridiction, les huissiers, les avocats, les médecins, j'en passe …. Cette méthode permet d'éviter les tribunaux citoyens ordinaires, au sein desquels il serait choquant de constater des condamnations se traduisant en avancement et promotion en face des peines de prison et des amendes pour les autres citoyens.
Comme quoi là encore, il ne s'agit pas de réformer ou de révolutionner, mais d'appliquer la même loi à tous les citoyens. Un juge qui sabote ses dossiers, un greffier qui cache une procédure, un gradé qui vole, un officier qui détruit des preuves, ou en crée des fausses, un fonctionnaire qui délivre des permis dans des zones interdites, doivent passer en jugement au milieu des autres et à leur tour, pour que le public puisse comparer les faits et les jugements, la leçon ne peut porter que dans ces conditions. Si les trafics se développent en France, c'est que le système judiciaire et policier est incapable de leur opposer des moyens adaptés et des mentalités qui puissent les isoler.
Comme en toutes choses, l'exemple vient d'en haut, lorsque le système est pyramidal, ce qui n'est ni égalitaire, ni républicain. Les ministres parlent toujours de faire respecter la loi, mais par qui, puisque localement, aucun fonctionnaire ne peut agir. Avant de faire des grandes phrases en Corse, a-t-on fait vérifier les dossiers de lotissements, de marchés, par des fonctionnaires anonymes et d'autres régions ? Qui a un jour vérifié les prix de l'immobilier tels qu'ils sont enregistrés au cadastre et tels qu'ils sont sur le terrain, en participant à des transactions ? Qui s'est préoccupé des circuits financiers de blanchiment, incluant les ventes d'armes, les transferts des sociétés du CAC 40....
Toute analyse rapide montre le peu d'efforts réellement faits, puisque les tricheurs peuvent même s'afficher sur le devant de la scène. Un élu qui accepte des décomptes électoraux publics falsifiés pour diriger un parti, alors que les partis sont financés par des fonds publics devrait perdre automatiquement tous ses mandats, et être poursuivi selon la loi en vigueur. Même pas en rêve !!