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ruine

  • Prêcher dans le désert

     

     

    Remettre en cause des décennies d'habitudes, de certitudes, d'avantages acquis, de dérogations, d'apprentissages, de sélections, ce n'est pas évident.

     

    Dans un pays dont l'histoire fourmille d'excommunications, de guerres, de persécutions, d'interdits, de ségrégations, de discriminations, dont l'administration excelle dans l'art de se plaindre, tout en méprisant le public, ce tricheur, ce menteur, coupable de tous les maux, et j'en passe, … Dans un pays dont les querelles intestines se règlent souvent de manière violente. Dans un pays où le principe d'autorité, donc la pression du pouvoir, est considérée comme la meilleure manière d'être obéi. Dans un pays où le mensonge est roi, et devient même un moyen de droit, que peut espérer celui qui ose croire à la valeur de principes comme l'égalité ou la liberté. Le comportement de tous les jours est gouverné pour la foule par l'art de faire le caméléon, fonctionnaire pointilleux et hargneux derrière son bureau, personnage charmant et dévoué à l'extérieur, sourd, aveugle et muet à tout ce qui se passe dans les couloirs, dénonciateur des errements de notre société à l'extérieur. Ce n'est pas pour rien que les jésuites sont célèbres chez nous.

     

    Une telle situation est ingérable, car elle ne fédère pas une société, elle n'offre pas d'avenir à long terme, car ses membres sont incapables d'analyser de manière lucide ce qui les mènent à la ruine. Chaque fois qu'un groupe devient influent, il se trouve gangrené par des émissaires des groupes déjà installés sur le marché pour le détourner de ses objectifs, au minimum, quand il ne s'agit pas de le pourrir de l'intérieur s'il se trouve gênant pour une équipe plus influente.

     

    Le phénomène s'analyse bien dans le domaine judiciaire au sein duquel tout est régi par une hiérarchisation qui se réfère, pour cause de continuité, dira-t-on, à l'Ancien Régime. Le système est asservi au pouvoir exécutif qui fournit et contrôle les outils judiciaires. Que ce soit le recrutement, l'avancement, mais aussi l'environnement, les activités annexes, les professions auxiliaires, rien n'est laissé au hasard. Dans ce cadre, seul le temps vous donne un peu de liberté, et à un âge où il est trop tard pour se révolter. Celui qui se trouve face au système judiciaire est analysé selon des critères dont seul le système judiciaire a la clef, il n'est pas autorisé à se défendre, il participe à un spectacle dont la chorégraphie est imposée, et qui le tolère seulement comme spectateur, à condition qu'il se taise. De ce fait, les mécontents sont légions, et les victimes innombrables, mais elles sont isolées, chacune avec leur histoire, et dans une mélasse dont rien ne peut les sortir. Quelques individus sont bien conscients que pour faire face, il faut s'organiser, mais il faut pour ce faire avoir des intérêts communs, des objectifs précis, des adversaires désignés et des moyens humains qui ne sont pas si disponibles qu'il y paraît. En effet, il est extrêmement simple de dissoudre des groupes sur qui les moyens de pressions sont énormes : par l'emploi, le leur ou celui des familles, par le logement, par ce que loyer se paye, par les condamnations, dont le système a le monopole et l'exclusivité, par la ségrégation, l'isolement qui peut aller jusqu'à l'enfermement psychiatrique, et autres droits exorbitants.

     

    Il est donc nécessaire de rejoindre des structures organisées, liées à des organismes extérieurs permettant d'être soutenu, reconnu, sur lesquelles s'appuyer en cas de nécessité urgente, et pour éviter ou limiter les efforts inutiles. Militer petit sur des sujets où le débat permet ensuite de dériver vers les abus des autres domaines. Par ailleurs, il est toujours possible d'être porteur d'une action locale précise, éducative, donc susceptible d'apporter une reconnaissance locale donc une meilleure crédibilité. Même les organismes internationaux peinent à mettre en évidence les abus subis par la population française, c'est donc en étant très précis dans la constitution des dossiers, en évitant les imprécations, mais en étant disponibles au bon moment, que nous pourrons mettre le doigt où cela fait mal, et la maille rongée emportera tout l'ouvrage.

     

    Toute cuirasse a ses défauts, celle de l'abus d'autorité s'appuie sur le loi du silence, la peur des représailles, les menaces et la persécution, de ce fait, les preuves abondent, jusque dans les bureaux de l'administration judiciaire. Par exemple, les CSM publie les poursuites contre les magistrats, mais jamais les actions faites pour dédommager les victimes des errements constatés. Celui qui peut relier une poursuite du CSM à une fraude judiciaire dont il a été victime possède donc un outil qu'il faut chercher comment exploiter. Même chose pour des arrêts de cassation, mais aussi pour d'autres actes des multiples corporations du droit. À bon entendeur, … !!!